La recette du Triathlon Pour Tous

Un triathlon non compétitif sans chrono ni stress:

L’enjeu était de ne pas reproduire des catégories (handisport, sport adapté, femme, enfant…) qui auraient empêchées un réel moment de mixité et de partage.

Chacun fera donc son triathlon à sa manière mais ensemble !

Des défis à hauteur de chacun:

Tout le monde est un génie. Mais si vous jugez un poisson sur ses capacités à grimper à un arbre , il passera toute sa vie à croire qu’il est stupide

Albert Einstein

A partir de ce principe, chacun pourra participer à notre triathlon. Pour cela il nous faudra penser à la manière d’imaginer celui-ci en fonction des attentes et possibles de chaque participant.

Naîtra dès lors l’idée de créer des DEFIS individuels et de penser le matériel permettant la pratique de toutes et de tous.

Chacun son Ironman !

Pour une personne aquaphobe se “jeter à l’eau” relève d’un vrai défi et challenge tout aussi élevé que de réaliser une boucle de 3 kilomètre 800 sur un Ironman.

Ces freins comme d’autres peuvent être levés si à l’inverse d’un triathlon classique, ce n’est pas au triathlète de se conformer à un format de triathlon pré établi mais au triathlon de s’adapter à chaque personne.

Plusieurs défis sont dès lors imaginés.

Du matériel pour permettre la pratique de chacune des 3 disciplines enchainées:

Mais pour réussir ces défis, chacun a sa manière de pouvoir les réaliser.

Par exemple, une personne qui n’aura pas l’usage de ses membres inférieurs (jambes) se verra empêchée de pratiquer le vélo si du matériel n’est pas mis à disposition pour lever ces freins.

A partir de ce constat, nous réfléchirons au matériel nécessaire pour répondre à tous les besoins et nous réaliserons un diagnostic sur le territoire pour pouvoir identifier si ce matériel existe et peut-être mobilisé.

Des partenariats établis avec la Ville de Nice, des associations et structures médico-sociales nous permettent de pouvoir utiliser ce matériel le jour de notre événement :

• Kayaks et matériel de flottaison (Ville de Nice)
• Vélopousseur (EEAP Henri Germain de la Fondation Lenval)
• Tandem (association ANICES)
• Tricycle (ADAPEI)

Et même des vélos bleus pour ceux qui n’ont pas de vélo (Vélo Bleu Nice)

Le partenariat historique avec la Caisse d’Epargne pour combler le manque:

Le seul matériel impossible à trouver et à être mis à disposition était des Handbikes (vélo allongé à propulsion manuelle) et des fauteuils d’athlétisme.

Sans ce matériel, nous aurions été obligés d’exclure certains participants.

Au même moment la CECAZ proposait un appel à projet pour favoriser notamment l’accès au sport pour les publics en situation de handicap.

Nous nous attelons dès lors à présenter notre projet et à le présenter devant les administrateurs de la CECAZ.

Nous nous retrouvons en saine “concurrence” avec d’autres associations handisport.

Parmi une cinquantaine de projets, la CECAZ en retiendra 3 dont le notre.

Notre fierté est double. A la fois notre projet a du sens mais également nous l’avons porté sans être concerné personnellement par le handicap.

La question de la mise en oeuvre des dynamiques inclusives doit être saisie par tous si l’on veut faire advenir ce projet sociétal.

La CECAZ nous permettra d’acheter 2 handbikes et 2 fauteuils d’athlétisme que nous aimerions mettre à disposition tout au long de l’année dès qu’un local pourra être mis à disposition !!!

La CECAZ nous suivra également pendant les 2 premières éditions pour que nous puissions réaliser cet événement.

Sortir de la “Mass Start” (départ groupé) pour aller vers un départ en VAGUES:

La quantité de matériel à disposition limitait la participation de certains publics en nombre.

Par exemple, nous ne disposions que de 3 vélopousseurs.

Le vélopousseur est un vélo pour lequel on a installé un fauteuil sur la roue avant. Un accompagnant pédale et permet ainsi à une personne ne pouvant pas mobiliser ces membres inférieurs et supérieurs de pouvoir pratiquer le vélo.

Un fonctionnement en Mass Start nous aurait empêché de prendre plus de 3 personnes nécessitant ce type de matériel.

Nous avons alors imaginé des départs par vague.

15 vagues d’une trentaine de participants prennent ainsi le départ à partir de 9h et toutes les 30 minutes.

Ce fonctionnement permet ainsi de réutiliser le matériel à disposition et de répondre à de nombreuses demandes en ce sens.

De plus, ce système par Vague rend notre événement à taille raisonnable et humaine favorisant les rencontres et les échanges.

La réflexion du lieu

La promenade des anglais et l’utilisation de la handiplage du Centenaire répondront parfaitement à ces critères pour la partie natation et pour rejoindre l’aire de transition vélo-course.

Penser un triathlon inclusif nécessite aussi de penser des lieux accessibles :

Mais l’accessibilité c’est penser également:

• à une zone de change (transition natation-course) qui permette à certains publics de pouvoir par exemple changer une couche.

De plus certaines personnes nous ont expliquées qu’elles ne se voyaient pas courir en maillot sur la promenade des anglais pour récupérer leur vélo.

Nous avons dès lors pensé cette zone de transition sur la dalle béton de la handiplage

• à des toilettes pour tous dont les personnes à mobilité réduite
• à du matériel pour limiter les conséquences du bruit (casque anti bruit mis à disposition/ limitation du niveau sonore)
• à un fléchage utilisant les pictogrammes et les techniques “Facile A Lire et à Comprendre”

Ces techniques permettent de simplifier l’information et le repérage.

L’importance de la date retenue:

Outre la sécurité à mettre en place pour penser la pratique de la natation en mer, la question de la température de l’eau est fondamentale.

En effet, certaines personnes peuvent être très sensibles à une eau froide et générer chez certains publics ce que l’on appelle de la spasticité, c’est-à-dire des contractions musculaires rendant difficiles des mouvements autonomes.

C’est la raison pour laquelle, T’CAP – 1er Triathlon Pour Tous a lieu au mois de juin.

L’accompagnement humain dès que nécessaire :

Malgré toutes ces adaptations de l’environnement certaines personnes ont besoin d’un accompagnement humain:

• Pour se repérer dans des grands espaces
• Pour apaiser une inquiétude ou un stress
• Pour soulager la personne dans l’effort

Par exemple, une personne pouvait avoir tendance avec du monde et beaucoup de stimulation à se gratter à sang.

Nous avions l’information que dans ces moments précis il fallait détourner son attention pour lui permettre de s’apaiser.

Les images de Disney , selon maman lui permettaient de réguler ces comportements.

Le triathlète qui l’a accompagné avait dans sa poche une photo de Disney plastifiée qu’il a pu lui montrer lorsque nécessaire.

Des bénévoles dont des triathlètes de club nous ont proposés de se mettre à disposition pour partager le triathlon avec une personne qui en aurait le besoin.

26 ont été mobilisés en ce sens lors de la 2ème Edition 2023.

Un événement inclusif: un événement qui s’intéresse à l’autre pour repérer ses attentes et ses besoins singuliers ? 

Vous l’aurez compris, pour réaliser ce triathlon sur-mesure, il nous faut sortir d’une logique “BRICE DE NICE”, c’est-à-dire “tout le monde le même t-shirt” (même distance, même matériel…) pour aller vers une logique “KARL LAGERFELD”, c’est-à-dire de ‘haute couture” où chacun aura son costume (matériel, défi…) à sa mesure.

Pour ce faire, nous proposons à l’inscription un formulaire formulaire accessible en Facile A Lire et à Comprendre qui nous permet par queslques questions d’en apprendre davantage sur la manière dont la personne peut pratiquer les 3 disciplines.

Nous nous appuyons ainsi sur le savoir expérientiel de la personne (qui a bien souvent un vécu sur chacune des 3 disciplines !) ou celle de son entourage lorsque nécessaire et avec son accord pour identifier la manière d’imaginer son défi et le matériel à mobiliser éventuellement.

Nous avons ainsi pu échanger avec la personnes et ses accompagnants (services médico-sociaux notamment) pour penser au mieux sa participation et la réalisation de son triathlon.

A aucun moment, nous posons la fameuse question : “C’est quoi votre handicap?”

Cette information n’a pas beaucoup d’importance à nos yeux car outre catégoriser la personne, et nous amener dans une approche déficitaire elle ne nous en apprendra pas davantage sur la manière dont la personne va pouvoir participer pleinement à notre triathlon.

Cette question du handicap est parfois (rarement) abordée par les participants lorsqu’elle amène selon eux des éléments de compréhension.

Un monsieur nous expliquait par exemple qu’il ne pouvait aller dans l’eau car il devait porter des bas de contention à cause de sa sclérose en plaque et ne pas les enlever. Nous avons alors imaginé la solution du kayak tracté par un triathlète afin qu’il puisse participer.

Lorsque malgré les questions posées, nous n’arrivons pas à comprendre la manière dont la personne souhaite réaliser le triple effort, nous l’appelons et échangeons avec elle.

Il est parfois nécessaire de faire appel à son environnement: temps d’échange avec la famille, proposition d’alller à la piscine afin de réfléchir avec les Maitres Nageurs à la manière de pouvoir réaliser la partie natation, essai de matériel en amont.

Parfois les personnes elles-mêmes nous demandent à être contactées pour être rassurées ou penser leur pratique.

Nous réfléchissons ainsi à un projet personnalisé de triathlon pour chacun des participants (420 en 2023) et non pas un projet spécifiquement destiné aux personnes en situation de handicap.

Certaines personnes “sans handicap” demandent un tricycle alors qu’elles n’ont pas de problème particulier d’équilibre mais simplement parce qu’elles ont de mauvais souvenirs avec un vélo (chute par exemple).

En 2023, nous avons été amenés à passer 198 appels téléphoniques.

Les retours des participants sont unanimes: “on se sent écouté”, “jamais je n’aurais osé, on m’a rassuré”.

Un événement inclusif permet d’améliorer l’accueil de tous les participants et prendre soin de chacun.

“Un événement inclusif permet d’être pensé et de se sentir membre de la communauté et non un membre extérieur à qui l’on fait place”